Le Korigan: quand les rêves deviennent réalité

Tavernier Nombre de messages : 235 Date d'inscription : 29/08/2004

Quand San était entrée dans l’atelier, arrachant de moitié la porte dans un élan de joie incontrôlé, les regards étonnés s’étaient soulevés de leurs travaux. Se dirigeant à grands vers le comptoir, elle avait jeté le grand sac de toile qu’elle avait apporté, lequel était lourdement retombé sur la table de bois, manquant de renverser son précieux contenu. Puis, plaquant avec détermination ses mains sur le comptoir, elle avait regardé le vieux nains qui se trouvait là avec une grande lueur d’espoir, déclarant, pleine de conviction : « Taillez-moi une pipe »

Quelques gloussements s’étaient élevés derrière les paravents et les derniers bruits de marteau s’étaient tus. Le nain assis derrière le comptoir, dont le cou dépassait avec peine le niveau de la table, avait regardé son interlocutrice comme s’il s’était agit d’une aliénée, s’obstinant à rester coi. Devant l’air dubitatif du nain, San s’était demandée si la suie accumulée dans ses tympans l’avait rendu sourd, ou si sa barbe rampante, pleine de poussière et de bave lui alourdissait à ce point la mâchoire pour l’empêcher d’obtempérer, comme tout être civilisé. (Quoi qu’un être civilisé eut au moins pris la peine de balancer frénétiquement les bras en l’air pour évacuer les nuées de mouches virevoltantes autour de lui)

Décidée à ne pas se laisser dégonfler devant cet air imperturbable, San avait déclaré, sur un même ton enjoué :
_Je vous paierai en nature
Cette fois-ci, le nain avait répondu, de même que ses collègues, par une montée de gloussements hilares. Puis, se hissant sur le comptoir, accompagné d’un air intéressé, avait pris compte de la demande :
_En nature hein, héhé… C’est qu’il va falloir payer d’avance, parce qu’on n’a pas l’intention de livrer le commande et de se laisser berner aussi facilement, jeune fille. Mais voyons plutôt ce que vous avez à nous offrir.
_Ouaip, si vous voulez. J’ai pas l’intention de rouler qui que ce soit.
Puis, déballant un sac, elle avait étalé sur le comptoir une flopée d’herbes, déclarant :
_C’est de la bonne
_Attendez…de quoi on parle là. Qu’est-ce que c’est que ça ?
_Herbe à pipe, cadeau de madame nature.
_Boudiou, avait juré le nain, dont le teint rougissait à vue d’œil. Pat’ ! Va t’en m’chercher un balais et nettoye moé ça ! C’en fout plein le comptoir.

Sur l’interjection du barbu, un autre nain, assis non loin de là et qu’on n’avait pas encore remarqué, avait ôté son derrière d’un tabouret et s’était ramené avec un balai, traînant le pas. Quand il était rendu et avait vu l’herbe, il avait tiré sur le manche du barbu et dit :
_Mais patron, ça dit vrai. J’fume la même, c’est celle-là j’utilise pour tabac.
_Boudiou Pat’ ! Y’a mon squig qui broute la même sur ma pelouse de d’vant chez moé !
_Faut-y pas dire ça quand on n’y a pas goûté, patron, j’vous le dit. C’est pas pareil que la pelouse, c’est de l’HAP, celle qu’y a su’ le marcher, quand on va au marcher, patron.
_Pat’, tu m’nétoye ça ou je te fourre avec.
_Faut pas patron, j’veux dire, au moins si vous ne voulez po, moi j’veux ben la garder pour moi.
Devant les ébats passionnés des deux nains, San affectant qu’on l’oublie, avait jeté sur la table son grand sac de toile, dont l’orifice béant avait laissé s’écouler un courant presque ininterrompu de PO, mettant fin aux jubilations des deux congénères.

_...hum…, avait ronchonné le nain dans sa barbe. Corruption ?
_Diplomatie créative
_C’est que… les ustensiles comme la pipe, on fait pas ça icitte m’zelle. Z’avez pas vu l’écriteau en rentrant, nous on travaille pour les bâtiments du pays, on taille de la sculpture, de la figure à proue, des choses comme ça.
_C’est pas grave, avait répondu San. J’en veux une immense ! Une énorme !
Puis, reculant du comptoir, elle avait écarté les bras avec largesse, mimant la grandeur de l’objet ; ce qui, aux yeux demeurants, ressemblait plus à l’idée qu’ils se faisaient d’une crucifixion. Mais soit, certaines offres n’étaient pas à refuser. En ajoutant à cela moult livraisons gratuites de cognac pendant 100 lunes, Sanaga avait réussi à obtenir enfin ce qu’elle voulait, en les détournant soigneusement des lois de la Corporation qui interdisait ces nains de travailler pour tout étranger. L’affaire de la figure de proue était à présent réglée.

Les autres s’occuperaient du reste…

Tavernier Nombre de messages : 235 Date d'inscription : 29/08/2004

Fanfan était chargé des plans du navire... Pourquoi lui? Et bien c'était celui qui avait la maison la moins bancale... Il travaillait déjà depuis quelques lunes là dessus, l'envergure, les mats, le pont, la charpente et tout ça... il avait trouvé le bois nécessaire dans sa sylve natale de Lokos et tripotée d'elfs sylvains pour accomplir ce bouleau... le bateau était en train de s'assembler dans une crique de Lokos, prêt à être mis à flot quand le moment viendras... les elfs travaillaient dur et bien, payés en PO, alcool, et herbes diverses...

quel projet quand même... un énorme navire marchand arpentant le monde... cette idée lancées à la va vite prenait forme et il aimait cette petite part de rêve... Un beau raffiot...

il dissipas ces quelques pensées pour regarder encore pour la millième fois les plans qu'il avait confiés aux maîtres de chantier de sa sylve. Il les relisait d'un oeil sévère, comme d'habitude concentré...

quel projet quand même... des cuves d'alcool en n'en savoir que faire... des grands ballots d'herbes à livrer aux quatre coins du monde... Une énorme cargaison de pipes en tout genres, en toutes sortes d'essences... Des comptoirs dans les principaux ports de daifen...

-Ah maudite rêverie... encore perdu le fil d'ces maudits plans... Mais quel navire nous auront là...

sur ces douces pensée, il sortit de son bureau la tête pleine de rêves, attendant impatiemment la fin du projet.

Tavernier Nombre de messages : 235 Date d'inscription : 29/08/2004

Courbé sur un monticule de parchemins, Clad s'esquintait les yeux et la plume à la lueur furtive d'une chandelle posée sur le bureau. Il s'était vu confier la tâche de réunir assez d'individus dévoués et motivés pour former l'équipage qui allait les accompagner sur le vaisseau déjà en construction depuis quelques lunes. Il s'était chargé de placarder des tracts en différents territoires daifenniens pour le recrutement. Et à peine avait-il eu terminé la distribution que déjà quelques pigeons lui étaient parvenus de la part de volontaires prêts à s'engager.

Ca n'avait été, au départ, qu'une idée émise un soir au clair de lune, au gré des divagations noctambules d'après fête. Un concept qui ne manquait pas d'ambition, qui l'avait fait sourire, même, en y repensant plus tard. Mais finalement, pourquoi pas?

L'HAP vendait bien et accumulait les PO à n'en plus savoir quoi faire. Ca devenait même sadique d'avoir tant de gain et de le voir pourrir sans rien faire. La confrérie s'était alors activée et avait récoltée les fonds nécessaires à la construction d'un navire qui allait faire circuler librement leurs cargaisons.

À présent tout était presque prêt, et Clad s'étonnait que le recrutement soit aussi fructueux. Il avait réussi à dégoter une soixantaine de marins, parmi lesquels des guerriers vétérans, quelques condamnés de droit commun, puis 2 huniers, 1 scribe, 1 prêtre, 3 bardes, 1 charpentier et son calfat, 1 gabier, 1 barbier-chirurgien, 2 cuisiniers, 1 cartographe, 1 barreman (fallait bien quelqu'un pour tenir la barre, dans tout ça ) et 1 savant en balistique.

Et tout ce monde logé dans une guinguette, à fond de cale, près de la chiourme, des cargaisons, de 4 grands coursiers alezans et d'un chocobo faisant tourner l'alambic.

Au pont supérieur étaient les cabines des cinq confrères de l'Herbe à pipe. Encore au dessus se trouvaient les cuisines, l'infirmerie, ainsi que les pigeonniers, ouverts sur la mer par les bouches à feu. Et sur le pont trônaient les trois grands mâts, surplombant le navire de 350 tonneaux, le tout équipé de canons et de l'armement nécessaire (hallebardes, harpons, sabres d'abordage), en cas de pillage incongru, ennemis malséants, soyez les bien malvenus. Mais tout cet attirail restait bien en ordre, il n'y avait aucune raison, après tout, pour qu'aucune agression se produise...

Une goûte de cire brûlante vint s'écraser sur l'ébène du bureau. Clad rouvrit des yeux ensommeillés et rangea sa plume dans son étui sans effacer la tache d'encre accumulée sur le parchemin. Il vérifia l'heure de la pendule, puis s'étira sur son fauteuil. Vivement que ce projet tombe à l'eau. Un peu d'exercice allait lui faire le plus grand bien. Se levant, il récupéra son épée posée contre le mur et quitta la pièce après avoir pris soin de souffler la bougie.

Tavernier Nombre de messages : 235 Date d'inscription : 29/08/2004

Brox soupira, contemplant le paysage dévasté que constituait son domaine... la chaleur y était insupportable, les siens devaient pourtant s'en accommoder depuis de nombreuses générations.
Il pensa à l'HAP, à ce projet aussi fou que génial... Comme quoi, ça a parfois du bon de se mettre une tête... Il se demanda où en était le projet.
Il avait du, a contre-coeur, se soustraire au projet afin de régler des histoires personnelles. Il lui fallait maintenant terminer son apprentissage et commettre l'irréparable... Il lui tardait ce moment, malgré le danger que cela impliquait.
Moadabor s'approcha:
"Ta pause est terminée! Suis-moi, on va passer aux scarifications!"
C'est le pas traînant et la tête baissée que Brox suivit son shaman dans les profondeurs de la demeure troglodyte...

Tavernier Nombre de messages : 235 Date d'inscription : 29/08/2004

Ses doigts pianotaient depuis plusieurs heures sur la petite blagues à tabac. Elle se résolut enfin à ranger l'objet en bois dans le tiroir et saisit la chandelle. Eclairant une dernière fois la sombre cabine, Sanaga inspecta une ultime fois la pièce, vérifiant que chaque meuble était bien scellé au plancher, que tout resterait à sa place si l'embarcation venait à tanguer trop violemment. Puis, entendant la cohorte au pont supérieur, elle se retira, suivit l'étroit corridor et grimpa le raide escalier.

Les derniers rayons du jours inondaient encore le 2ème pont et les hommes en profitaient pour faire entrer les pigeons dans ce qui allait être leur futur nid potentiel. Un par un, ils délivraient les volatiles de leurs grands paniers et les enfilaient dans les grandes cages par de larges spoutniks en bois. On les laisserait enfermés pendant une période d'adaptation d'une ou deux lunes, leurs prodiguant les meilleurs soins possibles jusqu'à ce que l'accoutumance leur laisse enfin le choix de s'enfuir, ou de rester et servir au courrier quotidien.

Sanaga se faufila dans la cohue puis grimpa sur le rebord d'une bouche à feu, avant de se laisser tomber sur le sol terreux. Le navire était bien plus haut et impressionnant de l'extérieur. On avait creusé un grand sillage à travers la forêt de/du Lokos, une grande artère où était le champs de construction du navire, et qui l'acheminerait jusqu'aux rives afin de le mettre à flot, une fois la construction achevée.

Gravissant la pente de la crevasse, Sanaga se retourna et regarda encore le bateau, immense, dont les mâts s'élançaient en l'air, surplombant toute la forêt du Lokos, la forêt natale de Fanfan. Les elfes du Lokos s'étaient surpassés. Leurs travaux de charpente, de maçonnerie, de calfatage ne laissaient à redire. Dans les pigments dont ils avaient usé afin d’embellir encore la carène _s’il était possible_ luisait en lettres harmonieuses : ‘LE KORIGAN’. C’était là le seul hommage qu’on avait pu faire en l’honneur de Korigan, ancien ami de Fanfan et apôtre de la pipe, disparut il y a bien longtemps maintenant. On prétendait qu’il était retourné vivre dans sa forêt d’Eliande, à l’Ouest, entouré de ses semblables (bien qu’on prétende assidûment que ce même personnage aurait joué un rôle très important dans la libération des mineurs de Riamodhil, ainsi que dans la distribution des fragments factices de pierres de lune ‘reniflables’). Mais seul son nom restait à présent.

Non loin de là, Fanfan conversait vivement avec deux personnes, tenant habilement entre ses doigts une pipe dont les runes étaient par lui-même gravées. Sa cheminée était parfaitement éteinte, oubliée dans le feu de la conversation. Quand ses deux compagnons s’éloignèrent, il resta un moment le regard dans le vague, comme enchanté, embrassant d’un coup d’œil la débandade en pleine effervescence. Sanaga, qui revenait du Korigan, s’approcha et d’un léger coup sur l’épaule le sortit de sa rêverie. Ils se saluèrent et respectèrent un moment de silence. Puis Sanaga demanda
_Brox n’est toujours pas arrivé ?
_Non… Pas encore.

Fanfan affichait un sourire habituel, mais qui ne parvint pas à apaiser l’amie. Cela faisait un bout de temps que l’orc n’avait pas montré le bout de ses pattes, et encore plus depuis que sa condition de Shaman le distançait. On ne savait pas bien ce qu’il faisait, mais il était souvent occupé. Et bien que cela semblait lui plaire, il commençait à manquer au tableau. Il était d’ordre que la mise à flot eut lieu le lendemain aux aurores, et si Brox tardait, il risquerait de faire retarder tout le processus. Mais Fanfan sourit de plus belle en renversant la cendre consumée :
_Il ne devrait pas tarder, j’ai sentit le sol trembler tout à l’heure.

Ils se retournèrent et observèrent plus loin le versant d’une colline où les derniers rayons s’effaçaient les uns après les autres. On crut voir un arbre bouger, des rapaces s’en échapper. En effet, Brox ne devait plus être très loin.

À l’ombre d’un grand Menhir, Clad, lui, était entouré d’une ribambelle de petits elfes assis en tailleurs, et qui écoutaient son discours, sur le thème de La Tribulation des Cafards Tri céphaliques et leurs bienfaits sur la Connexion entre Conifères. Alors qu’autour d’eux la nuit commençait à poindre, et les elfes du Lokos avaient suspendu aux branches des lanternes grouillantes de lucioles, illuminant la clairière, dressant un feu de joie. Petit à petit les bardes s’installaient et entamaient une toccata, entraînant sur leur mélodie une colonie d’individus formant une ronde qui ne cessait de s’agrandir. Ils entraînèrent Clad, d’abord sincèrement hésitant, mais ne lui laissèrent pas le choix. Bientôt ils s’approchèrent encore, et engloutirent avec eux les autres membres.

Tavernier Nombre de messages : 235 Date d'inscription : 29/08/2004

Brox parvenait enfin à la sortie du bois qu'il parcourait depuis tant de jours. S'extirpant d'un nid de ronces, il trébucha sur une racine et chuta lourdement au sol, passant ainsi l'orée de l'épaisse foret.
D'un rapide coup d'oeil, il s'assura que personne ne l'ai vu, puis se releva, s'épousseta et rajusta sa peau d'ours.
Il était enfin parvenu a destination, de la musique et des rires s'élevait de derrière les butes de terre qui lui faisaient face.
-Ben on dirait qu'ils m'ont pas attendus pour commencer les festivités...
Gravissant une des butes, il vit peu à peu apparaître l'immense chantier, ainsi que le navire, non moins immense. Il en resta surpris de nombreuses secondes, il n'aurait jamais imaginé qu'il soit possible de battir un tel vaisseau. S'il flottait, Brox devrait bien admettre que les elfes se révèlent etre de formidables artisans.
Il descendit de la bute et s'avança vers le feu de joie et la joyeuse farandole qui l'entourait. passant près de ce qui semblait être le buffet, il vérifia d'un rapide coup d'oeil que le bière ne fut pas oubliée.
L'apercevant, Fanfan s'extirpe de la ronde en le rejoint.
- Brox! Comment vas-tu? Sanaga avait peur que tu ne sois pas présent à temps... Qu'est-ce qui t'as tant retenu?
- Salut chef! désolé pour ce retard, mais j'ai eu quelques sombres affaires a régler au moment de mon départ. Mais pour rien au monde je n'aurais été absent! Maintenant, si tu le permets, je meurs de soif et vais de ce pas m'abreuver de cette merveilleuse bière qui me tend les bras!

Tavernier Nombre de messages : 235 Date d'inscription : 29/08/2004

L'immense vaisseau avait été traîné tout le long d'une tranchée jusqu'à la crique du Lokos, au prix de la force de plusieurs dizaines et dizaines d'individus, de centaines de cordages, et d'un certain pouvoir shamanique. Et dès que la coque était entrée au contact de l'eau, les voix s'étaient élevées et dès lors n'avaient plus cessé de s’extasier. Des bardes s'étaient installés et jouaient dans l'intention d'encourager la scène. Des crânes de lapins avaient été fracassés contre la carène et force arrosés de cognac, en signe de chance. Le navire avait quitté son sillon de terre et était enfin en flottaison sur le Lokos. Les volontaires se pressaient sur le pont d'arrimage, pendant que l'on enregistrait un à un leurs noms sur le registre d'équipage. À leur côté défilaient les cargaisons, vivres, arsenal, ainsi deux paires de grands coursiers alezans, suivis par les condamnés de droit commun, pieds et mains liées. Mais leur regard n'exprimait en rien la soumission, reflétant d'avantage une impression de délivrance. Ainsi ils allaient, sereins.

« Carguez la brigantine ! Abaissez perruche et misaine ! Bordez les voiles de hunier ! Les vigies à la hune, tous à vos postes ! » Aux ordres criés par l’officier, chacun se précipita. Nombreux soulevèrent les caillebotis et se glissèrent aux ponts inférieurs par les écoutilles, allant déjà faire démarrer l’alambic dans le rouf, tandis qu’une petite foule d’hommes grimpaient aux cordages, allant border les voiles.

Clad aida à relever le pont et à défaire les cordages arrimés aux taquets, après avoir terminé d’enregistrer les noms sur ses comptes. Ceci fait il s’éclipsa dans la cabine des officiers, saluant au passage Fanfan, qui se tenait à l’ombre du grand mât.

_Comment est le moral de l’équipage ?
_Al dente ! Al dente ! , répondit l’officier en courant, criant ses ordres à la ronde.
Lorsque le navire quitta la crique et s’engagea dans le chenal, le vent en poupe, Sanaga se précipita sur le beaupré, s’allongeant sur la poutre et regarda encore une fois l’énorme pipe qui servait de figure de proue et qui rasait l’eau, ouvrant le passage au navire. Juste au dessus, les voiles de clinfoc claquaient au vent sans retenue.

Brox immergea et alla rejoindre Fanfan. Il tenait dans sa main un grand morceau de toile blanche enroulée autour d’un manche. L’elfe s’en empara et le déroula, découvrant une armure décorée d’une vigne et entrelacée dans des feuillages. L’orc contempla avec lui ces couleurs vives et animées. Ils échangèrent un regard, concluant que ceci était la dernière pièce du puzzle. Ils grimpèrent tous deux aux cordages, s’élevant jusqu’au sommet du grand mât et dévoilant au monde océanique l’armoirie de l’Herbe à pipe.
Sur la crique on entendait faiblement les notes d’une marche triomphale
D’individus délirants de joie
Tandis qu’ils s’éloignaient du chenal
Agitant allègrement les bras.

Affublés de cette sarabande
Nous voguons sur le no man’s land.
Et ça n’est pas pour fournir la guerre
L’Herbe pousse sur toutes les frontières.
Mais c’est avec des rushs de bière
Que l’on engage la Der des Ders.
Nul besoin de gloire lorsqu’on prône :
« Nous vivons tous dans un Korigan jaune »

…commencement

[ par Brox, Clad, Fanfan, Sanaga]

» quand nos regards se croisent