[Bonbrutetruandhil] Dame de Pique

(un rp retrouvé à la DO, après lecture, il est perfectible)

L'ambiance battait son plein dans un boucan infernal. Debout sur les estrades, des lignées de filles balançaient nonchalamment leurs jambes en l'air, remuant leurs jupons dans un cancan plus que provoquant. Devant quoi des ribambelles d'hommes poussaient la chansonnette en titubant, tombant parfois ça et là sur une chaise égarée.
D'autres restaient accrochés au bar, agglutinés les uns sur les autres, regardant défiler les bocs de bières glissant sur le comptoir. Et chacun, affublé d'une choppe comme s'il se fut agit de la continuité de son corps, virait l'écume euphorisante dans le trou gras de son gosier.

Mais plus loin, autour de rondes tables, l'humeur n'était point joviale. Les hommes affichaient des mines désemparées devant leurs éventails de cartes. Les goûtes de sueur irradiaient de leurs tempes pour aller plonger sans regret dans leurs barbes naissantes. Et ils finissaient par abdiquer et reposer leur jeu, quand quelqu'un montait la mise au dessus de leurs moyens.
L'un d'eux, qui gagnait plus que de coutume, restait feutré dans l'ombre et, d'un revers, balançait son argent au milieu du jeu, haussant le prix narquoisement. Recouvert d'une cape sombre dissimulant la totalité de son corps et de son visage, seule la pipe qu'il fumait en cet instant émettait des volutes de fumée qui volaient se mélanger amoureusement aux autres nuages de tabac.
Devant ce personnage imperturbable, les joueurs n'en étaient que plus fiévreux, poussés à bout dans leur amour-propre.

Une femme s'approcha alors de la partie, après une longue période d'observation. Elle se dirigea sans ambiguïté sur l'homme à la pipe et son gain. Serrée dans son corset de velours rouge, sa chevelure noire se balança au dessus de l'épaule du gagnant. Elle s'assit sur ses genoux sans autre forme de procès et l'interpella d'une voix aguicheuse:
_Comment doit-on vous appeler?
Un rire étouffé résonna sous la capuche du personnage, qui ne quittait pas sa main des yeux. Entre deux bouffées de tabac, il répondit d'une voix faussement désaccordée:
_Appelez-moi la Dame..
Ne perdant pas un mot de cette conversation, les joueurs poussèrent des grognements désapprobateurs en dévoilant leurs jeux. La "Dame", tel qu'il s'était surnommé, découvrit d'un geste majestueux sa quinte flush quasi royale et rafla la mise. Puis il s'étira avec aisance, tel un grand félin. La femme sur ses genoux gloussa alors et se pendit à son cou. Mais alors qu'il allait brasser de nouveau le jeu, elle le retint de la main, et chuchota d'une voix gutturale:
_Vous avez assez joué, à présent, Dame.
Elle sourit avec insolence et l'homme se releva.
_Non. Je n'ai pas encore assez joué.
Prononçant ces mots intéressés, il porta ses mains à la taille de la jeune femme. D'un sourire satisfait, elle se leva alors et entraîna sa "Dame".


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Entraîné par la jeune femme, ils traversèrent plusieurs étages, croisant de nombreuses créatures suspendues contre les murs délabrés. Adossées misérablement aux parois, la gente de petite vertu attendait patiemment son tour. Leurs arcades étaient démontées, leurs lèvres recousues. Les poupées périmées attendaient avec fatalisme de se faire froisser dans la pâle lumière des lampes à huile.
Cependant, celle qui entraînait "Dame" avait l'allure d'une meneuse, étant plus chichement vêtue. Aussi, il se dit que, sans nul doute, "c'était bien elle". Il avait pêché la bonne prise, restait à la mettre sur le gril...


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La femme s'était plantée dans la tiédeur de sa couche et invitait son hôte, comme s'il s'était agit de prendre le thé. Sans répondre à son appel, l'homme restait appuyé sur le chambranle et observait la pièce sous tous ses angles. Puis il s'accouda sur un meuble à côté. Faisant dos à la jeune femme, il contempla son image dans le miroir en face de lui. Doucement, il posa sa pipe -qu'il avait précieusement gardé sur lui- sur le meuble d’ébène. Et d’une forte pression, il repoussa le meuble contre la porte, bloquant ainsi tout passage, faisant voler les particules d’une poudre qui devait servir à la jeune femme pour se refaire, les jours ordinaires. Fouillant dans les tiroirs, il extorqua des ficelles, qui devaient servir à lui nouer les cheveux et se retourna. Toujours allongée, la femme émettait une moue désapprobatrice, mais ne laissait pas croire qu’elle lui en voulait pour cet acte étrange, lorgnant sa bourse. Au contraire, elle lui sourit et s’évertua à le convaincre de venir. Il se faufila vers elle, lui prit les mains avec fermeté et se servit des ficelles pour l’attacher aux barreaux. La jeune femme bougonna mais se laissa faire. Mais quand elle vit les mains de son hôte, elle tressaillit et tenta de s’écarter de lui, s’il était possible. Ces mains étaient tout aussi fines que les siennes, et loin d’être comme elle les imaginait, la texture de sa peau, qui était chaude et laiteuse, n’avait rien de masculin. Et quand il pencha son visage sur le sien, elle vit apparaître le bas d’un visage aux traits fins. Quelques mèches de cheveux rougeoyants s’échappèrent du capuchon et frôlèrent le visage de la jeune femme. ‘’Dame’’ était maintenant assis sur elle et l’empêchait de bouger. Il pencha son visage sur le sien et murmura :
_Maintenant, je vais avoir besoin de ton aide.
En entendant le timbre de sa voix, tout à fait féminin, la femme montra cette fois franchement son énervement. Elle se tortilla dans l’espoir de se dégager des son hôte, en vain :
_Vous êtes dans une maison de tolérance ici !
_Du calme, du calme, répondit ‘’Dame’’ en frôlant son visage. Ou bien la Dame pourrait bien se faire piquante.
Ce disant, il attrapa sa proie par la gorge et y appliqua une pointe acérée.
_Je veux savoir où il est passé.
_Qui ?! Mais de quoi vous parlez ?
Le sourire satisfait du bourreau ne la rendait que plus apeurée. Cette bouche féminine apparue dans l’ombre prononçait chaque mot avec lenteur et fébrilité.
_Quelqu’un t’as vu parler avec lui l’autre jour, pas loin d’ici. Dis-moi où il est passé.
Cette fois la jeune femme devint hystérique, pleura, cria, déversa un coulis de mots inintelligibles. ‘’Dame’’ leva la main sur elle et la frappa d’un revers :
_Parle la bouche ouverte, manante !
_Je ne vois pas de quoi vous voulez parler !
L’hôte se pencha sur elle et murmura :
_Même si je ne précise pas son nom, tu dois savoir de qui je parle. Il ne passe pas si inaperçu.
La victime se tordit dans tous les sens. Nul doute qu’elle se fichait pas mal de la personne en vue, mais que, pour l’instant, son souci premier était d’échapper à ce guêpier. Sombrant dans une colère noire, ‘’Dame’’ la gifla à plusieurs reprises :
_OÙ EST IL ?! OÙ EST PASSE AZOK ?! OÙ ?!

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La femme cracha ses confessions sous le joug des menaces et n’eut pas à subir d’éventuelle agression. Après tout, c’était tout ce qu’on lui demandait, que pouvait-elle craindre ?
L’interrogateur se décontracta ; il savait maintenant par où s’en était allée sa cible et comment. Dans un dernier sourire, il remercia la jeune femme, pendant que sa main s’emparait d’un cousin et l’appliquait sur son visage. Il étouffa la catin et déclara d’un ton triomphal :
_Tu diras…à ton patron… Sur l’écriteau de sa taverne…. On ne met pas…deux ‘o’ …à ‘salon’.

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Dame, la femme cachée sous le capuchon, le savait bien… elle venait d’apprendre à écrire.